J’étais le coordinateur de l’étude Éliane qui rassemblait plusieurs équipes de recherches et plusieurs partenaires.
Nous avons constaté que le niveau d’activité physique pouvait varier en fonction de l’accessibilité à des équipements et surtout en fonction du statut socio-économique de la population. Nous nous sommes concentrés sur les enfants pour cette étude. Nous avons pu prouver ce point avec des donnés françaises chez les enfants.
C’est un résultat important que nous avons mis en évidence. C’est un point essentiel car il démontre qu’il faut avoir une approche large : si l’on veut savoir comment favoriser le transport actif et l’activité physique, il faut prendre en compte de nombreux déterminants de l’environnement physique mais aussi de l’environnement social et économique.
Le deuxième enseignement est que les données dont on disposait à l’époque, (le projet Éliane s’est déroulé en 2007-2011 et 2008-2012) étaient insuffisantes. Nous avons travaillé à partir de données collectées dans différentes études en France relevant du domaine de l’activité physique mais aussi de la nutrition, pour essayer de comprendre l’influence de l’environnement. Or comme elles n’avaient pas été collectées dans ce but, elles étaient insuffisantes.
Il a fallu collecter des nouvelles données. C’est ce que nous avons fait depuis dans différents projets, en particulier dans un projet qui s’appelle Acticité.
C’est un projet financé par l’Institut National du Cancer (Inca) dans lequel on a pu collecter les données sur l’activité physique, le transport actif et l’environnement en utilisant la cohorte Nutrinet.
Je travaille avec l’équipe de Serge Hercberg et nous avons envoyés aux participants, les Nutrinautes, deux questionnaires détaillés : un questionnaire sur l’activité physique, le transport actif et la sédentarité et un questionnaire sur l’environnement de vie. Nous en sommes au début car la collecte de données est longue, mais nous avons des données sur plus de 50 000 personnes en France. Désormais, dans le cadre de cette cohorte, nous avons des données qui nous permettent de mieux approcher les facteurs d’environnement qui favorisent l’activité physique et les transports actifs.
Jusqu’à maintenant, nous avons fait des analyses sur l’activité physique et le transport actif, pour voir comment les résultats variaient en fonction de l’âge, quels étaient les facteurs associés… Nous avons observé aussi la sédentarité, les différents types de sédentarité, le temps assis au travail pendant les loisirs, les hommes, les femmes, les jours de semaines, les jours de weekend etc…
Nous avons essayé de décrire la situation et avons commencé des études où nous cherchons à déterminer l’influence de l’environnement sur les transports actifs (marche et vélo combinés). Par exemple, en région parisienne, nous avons vu que la densité résidentielle était assez fortement associée aux transports actifs, mais lorsque nous avons regardé en détail la carte de la région parisienne, nous avons observé des variations entre Paris et sa banlieue. Cela signifie qu’il y a des variations d’intensité dans cette relation entre la densité résidentielle et le transport actif et donc en fonction de votre lieu de résidence, vous êtes dans un endroit où cela est plus fortement lié qu’à d’autres.
Je pense que l’on peut avoir l’idée de favoriser l’activité physique et les transports actifs mais les solutions seront d’abord locales.
Et puis il y a un autre projet auquel nous avons participé à la suite du projet Eliane. C’est un projet européen qui s’appelle Spotlight, lié à l’obésité, où sont donc abordés à la fois l’alimentation et l’activité physique… Nous avons développé de nouvelles méthodes pour évaluer l’activité physique plus précisément et évaluer l’environnement. En particulier, dans ce projet Spotlight, nous avons évalué l’environnement en utilisant Google Streets. Nous avons créé une grille spécifique d’analyse des rues, en lien avec l’environnement obésogène, en lien avec l’activité physique, la sédentarité, l’alimentation. Nous avons fait cela dans cinq pays européens.