Marchons dans nos campagnes – évaluation

évaluation quantitative de la deuxième année du projet dans le Puy-de-Dôme

Introduction

CONTEXTE

« Marchons dans nos campagnes » est une action mise en place dans plusieurs départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes par le Comité régional des offices municipaux du sport d’AuvergneRhône-Alpes (Croms AURA). Elle a pour objectif de prévenir la dépendance et favoriser l’autonomie des personnes âgées, de renforcer le lien social, de rompre l’isolement, de favoriser le maintien à domicile et de faire pratiquer une activité physique régulière.

Elle consiste en une marche chaque semaine, de juin à septembre hors vacances scolaires, encadrées par un animateur diplômé. Les publics cibles sont des personnes de 60 ans et plus, n’étant pas dans un club, et qui sont isolées soit par l’éloignement, soit parce qu’elles vivent seules, soit par peur de sortir et de tomber.

L’action est gratuite et les participants qui n’ont pas de moyen de locomotion ont la possibilité d’être
récupérés par les animateurs (minibus ou véhicule de l’animateur).
Une séance débute généralement par un échauffement suivi d’une marche, et s’achève par des
étirements. Si les conditions météorologiques sont mauvaises, une salle est mise à disposition par
l’ensemble des communes. Les participants pratiquent alors de la gymnastique douce adaptée, des
jeux d’adresse ou du travail d’équilibre et de coordination.
Quatre associations locales et une fédération sont sollicitées pour la réalisation de l’action sur dix
territoires du Puy-de-Dôme :
– « Siel Bleu », groupe associatif proposant des programmes d’activités physiques adaptées,
accompagne les territoires de Saint-Rémy-sur-Durolle, Courpière, Chabreloche,
Charbonnières-les-Varennes et La Monnerie-le-Montel ;
– Puy-Guillaume est accompagné par l’association « Les chemins de traverse d’Ambert » ;
– Chambaron-sur-Morge par l’association « À vos marques » ;
– Les marches ont lieu à Pionsat grâce au groupement d’employeurs « GE Sport 63 » ;
Enfin, Murol et Orbeil sont accompagnés par la Fédération Française Sports pour Tous.
Le développement et le suivi de l’action sont menés par le Croms AURA. L’évaluation quantitative et
qualitative de l’action est à la charge de l’Observatoire national de l’activité physique et de la
sédentarité (Onaps).

 

MÉTHODOLOGIE D’ÉVALUATION

Cette note porte sur l’évaluation quantitative de la deuxième année de fonctionnement de l’action dans dix communes du Puy-de-Dôme.

Pour réaliser le volet quantitatif de l’évaluation, l’Onaps s’est appuyé sur une série de questionnaires et de tests de condition physique, recueillis de manière non-nominative par les animateurs des différents territoires auprès des participants, au début et à la fin de l’action. La liste des questionnaires et tests de condition physique utilisés pour la deuxième année du projet était la suivante :
– le profil de santé de Duke pour mesurer la qualité de vie des participants ;
– le Recent Physical Activity Questionnaire (RPAQ) pour mesurer leurs niveaux d’activité
physique et de sédentarité ;
– l’échelle d’estime de soi de Rosenberg ;
– l’échelle de motivation pour l’activité physique à des fins de santé (EMAPS) pour la
motivation, qui a remplacé le questionnaire Breq 2 version longue, utilisé la première année
et jugé moins adapté ;
– un questionnaire de satisfaction et de suivi ;
– le test « 30 secondes assis-debout » : test validé qui a pour objectif de mesurer la force des
membres inférieurs et la capacité des muscles à se contracter pour produire un mouvement,
en réalisant le plus de flexions assis-debout possible pendant une période de 30 secondes ;
– le test « 6 minutes marche » : test validé permettant d’évaluer la condition physique,
principalement les capacités cardio-respiratoires.
Un volet qualitatif, basé sur des entretiens individuels avec les différents animateurs, a été mis en
place afin d’enrichir et de compléter les informations issues des indicateurs quantitatifs. Il n’est pas
présenté dans ce document.

ÉVALUATION QUANTITATIVE

DESCRIPTION DE LA POPULATION

Les statistiques suivantes concernent les personnes ayant suivi le programme dans son intégralité, et qui ont réalisé les tests de condition physique et rempli les questionnaires à la fois au début (T0) et à la fin de l’action (T1). Elle concerne 79 personnes au total (données disponibles pour 139 personnes à T0 et pour 79 personnes à T1).
Parmi ces 79 personnes, 79% de femmes et 21% d’hommes sont concernés par l’action. L’âge médian est de 71 ans, s’échelonnant de 61 à 89 ans (Figure 1).

ÉVOLUTION DE LA QUALITÉ DE VIE

La qualité de vie a été mesurée avec le questionnaire du profil de santé de Duke pour les 79 personnes ayant suivi le programme dans sa totalité. Ce questionnaire permet de calculer différents scores.
Le score de santé physique a diminué très légèrement entre le début et la fin des actions, mais cette différence n’est pas significative. À l’inverse, le score de santé mentale a évolué positivement entre les deux temps de mesure et cette amélioration est très significative (p<0.01)1 (Figure 2).

Les scores de santé sociale, de santé générale, de santé perçue et d’estime de soi ont eux aussi évolué favorablement, mais ces évolutions sont faibles et non significatives statistiquement. Enfin, les scores d’anxiété, de dépression et de douleurs n’ont de manière générale pas évolué entre le début et la fin des actions.

ÉVOLUTION DE LA MOTIVATION

La motivation à la pratique de l’activité physique a été mesurée avec l’échelle de motivation pour l’activité physique à des fins de santé (Emaps). Cette échelle permet de calculer des scores pour les différents types de motivation : motivation intrinsèque, motivation extrinsèque (intégrée, identifiée, introjectée et régulation interne) et amotivation (Encadré 1).

Encadré 1 – Motivation intrinsèque et extrinsèque selon Deci et Ryan (1985, 2002)

Deux types de motivations peuvent être distinguées suivant qu’elle soit “imposée” ou non, complétées par un
troisième état : l’amotivation.
– La motivation intrinsèque : l’action est conduite uniquement par l’intérêt et le plaisir que l’individu trouve à
l’action, sans attente de récompense externe.
– La motivation extrinsèque : l’action est provoquée par une circonstance extérieure à l’individu (punition,
récompense, pression sociale, obtention de l’approbation d’une personne tierce…).
– L’amotivation : l’individu a le sentiment d’être soumis à des facteurs hors de tout contrôle. Elle se distingue
de la motivation extrinsèque par l’absence de motivation liée au sentiment de ne plus être capable de prévoir
les conséquences de ses actions.
Ces motivations sont organisées suivant l’échelle continue de régulation (ou d’auto-détermination) suivante

– Absence de régulation : absence complète de motivation.
– Régulation externe : le comportement de l’individu est régulé par des sources de contrôle extérieures à la
personne, telles des récompenses matérielles ou des contraintes imposées par une autre personne.
– Régulation introjectée : l’individu commence à intérioriser les contraintes externes en se culpabilisant
notamment. L’action n’est pas encore librement choisie puisque l’individu agit pour éviter une conséquence
désagréable qu’il s’impose en se culpabilisant.
– Régulation identifiée : même si l’activité au final est réalisée à des fins externes, elle devient valorisée et
importante pour l’individu qui s’identifie alors à cette activité.
– Régulation intégrée : l’activité est cohérente avec le concept de soi de la personne, qui peut s’approprier
l’action et trouver des sources d’auto-motivation complémentaires à la source externe à l’origine de l’action.
– Régulation intrinsèque : l’action est conduite uniquement par l’intérêt et le plaisir que l’individu trouve à
l’action, sans attente de récompense externe.

Entre le début et la fin des actions, la motivation extrinsèque globale a évolué favorablement, avec une augmentation significative pour la motivation intégrée (p<0.1). La motivation intrinsèque a elle aussi significativement augmenté entre T0 et T1 (p<0.05). Enfin, l’amotivation a légèrement diminué, mais de manière non significative (Figure 3).

ÉVOLUTION DE LA CONDITION PHYSIQUE

La condition physique a été évaluée pour les 79 participants à l’aide de deux tests différents : le test
« 30 secondes assis-debout » et le test « 6 minutes marche ».
Entre le début et la fin des actions, les participants ont significativement amélioré (p<0.01) leurs
nombres de répétitions pour le test « 30 secondes assis-debout » (Figure 4).
Une amélioration de la distance parcourue lors du test « 6 minutes marche » est également notée,
mais cette évolution reste faible et non significative.

ÉVOLUTION DU NIVEAU D’ACTIVITÉ PHYSIQUE ET DE LA SÉDENTARITÉ

Le temps passé à pratiquer des activités physiques et le temps passé à des activités sédentaires a été mesuré pour les 79 personnes ayant suivi le programme dans sa totalité avec le questionnaire RPAQ, évaluant le niveau d’activité physique et de sédentarité (temps passé assis ou allongé en période d’éveil) au cours des quatre semaines précédentes.

Le temps quotidien moyen passé assis ou allongé n’a pas évolué entre le début et la fin des actions, que ce soit en semaine ou sur le week-end (Figure 5).

L’analyse de l’activité physique ne permet pas de fournir des résultats cohérents face à la difficulté rencontrée pour remplir le questionnaire.