Confinement national lié à la COVID-19 : recommandations de l’Onaps

Nous avons préparé pour vous des recommandations adaptées et accessibles pour promouvoir l’activité physique et limiter la progression de la sédentarité lors de cette période particulière.

Version du 6 novembre 2020

CONTEXTE

Au cours de la première période de confinement induite par la COVID-19, une baisse du niveau d’activité physique (NAP) et une augmentation des comportements sédentaires, chez les personnes de tout âge, ont été unanimement observées au niveau mondial. Les nouvelles stratégies de distanciation sociale et de confinement récemment mises en place nécessitent la formulation et la diffusion de recommandations adaptées et accessibles pour promouvoir l’activité physique (AP) et limiter la progression de la sédentarité lors de cette période particulière.
En plus de leur impact sur la santé physique et métabolique des individus en bonne santé et des patients1, il a été démontré que l’activité physique et les comportements sédentaires sont fortement associés (de manière opposée) à la dépression, à l’anxiété, au stress et au bien-être général2-4. Ces conclusions ont été à nouveau confirmées, puisque la diminution de l’AP et l’augmentation de la sédentarité pendant la première période de confinement ont été clairement liées à une détérioration de plusieurs indicateurs de santé mentale, et ce, à tout âge5-9. Plus spécifiquement, il a été montré que la sédentarité joue un rôle majeur dans la mortalité globale liée à la COVID-19 dans le monde. D’autre part, l’inactivité physique impacte principalement la proportion de patients nécessitant des soins intensifs, en raison notamment des troubles métaboliques qu’elle engendre (obésité, hypertension, diabète)10.
A retenir : Maintenir et encourager l’activité physique pendant une période de confinement apparaît en effet essentiel pour préserver notre capital santé, mais aussi, pour renforcer notre immunité qui semble d’une grande importance pour faire face au virus COVID-19.

CONSTATS

En France, l’ONAPS, en collaboration avec le ministère chargé des Sports, a mené l’une des plus grandes enquêtes mondiales évaluant l’impact du premier confinement sur l’activité physique et les comportements sédentaires chez des français de tout âge, allant de l’enfance aux personnes âgées (résultats complets et détaillés : Genin et al, en révision19).

 

CONSTATS GÉNÉRAUX DE L’ENQUÊTE ONAPS SUR LE 1ER CONFINEMENT

ACTIVITÉ PHYSIQUE
1. Pendant le confinement, réduction alarmante de l’activité physique pour :

  • 42% des enfants, 59% des adolescents, 36% des adultes, 39% des séniors

2. Pendant le confinement, atteinte des recommandations (durée) d’AP pour :

  • 33% des enfants, 21% des adolescents, 71% des adultes et 76% des séniors1

3. Evolution des types d’activités physiques pratiquées

  • Diminution des activités physiques d’endurance et des déplacements actifs
  • Augmentation des activités physiques domestiques, des activités de renforcement musculaire, des assouplissements

4. Evolution des comportements actifs en fonction du niveau d’activité physique pré-confinement

  • 72% des adultes et 61% des séniors inactifs ont augmenté leur NAP pendant le confinement
  • 46% des enfants, 66% des adolescents, 47% des adultes et 45% des séniors initialement actifs ont réduit leur NAP pendant le confinement

SÉDENTARITÉ

1. Pendant le confinement, augmentation du temps passé en position assise ou allongée pour :

  • 36% des enfants, 26% des adolescents, 25% des adultes, 36% des séniors

2. Pendant le confinement, temps passé assis supérieur aux seuils de sédentarité pour :

  • 82% des enfants, 89% des adolescents, 88% des adultes et 67% des séniors(2)

3. Evolution du temps passé assis en fonction du niveau de sédentarité pré-confinement

  • 72% des enfants, 72% des adolescents, 74% des adultes et 51% des séniors initialement non sédentaires ont augmenté leur niveau de sédentarité pendant le confinement
  • 36% des enfants, 18% des adolescents, 16% des adultes et 23% des séniors sédentaires ont diminué leur niveau de sédentarité pendant le confinement

4. Pendant le confinement, augmentation du temps passé devant les écrans pour :

  • 60% des moins de 6 ans, 62% des enfants, 69% des adolescents, 41% des adultes, 32% des séniors

5. Pendant le confinement, temps d’écrans supérieur aux seuils de temps d’écran utilisés pour :

  • 71% des enfants, 93% des adolescents, 51% des adultes et 10% des séniors(3)

6. Evolution du temps passé devant les écrans en fonction du temps d’écran pré-confinement

  • 65% des enfants, 79% des adolescents, 57% des adultes et 33% des séniors qui avaient un temps d’écrans inférieur aux seuils utilisés ont augmenté leur temps d’écran pendant le confinement
  • 8% des enfants, 5% des adolescents, 34% des adultes et 30% des séniors qui avaient un temps d’écrans supérieur aux seuils utilisés ont diminué leur temps d’écrans pendant le confinement

(1) Seuils utilisés concernant l’AP pour les enfants et les adolescents : 5h30 d’activité min / semaine ; pour les adultes et les séniors : 2h30 d’activité min / semaine
(2) Seuils utilisés concernant le temps passé assis pour toutes les populations : 6h max / jour
(3) Seuils utilisés concernant spécifiquement le temps d’écran pour les enfants et les adolescents : 2h d’écran max / jour ; pour les adultes et les séniors : 6h max / jour

RECOMMANDATIONS

Au regard de ces premiers retours post-confinement, il apparaît donc nécessaire d’élaborer des stratégies efficaces pour maintenir le niveau d’activité physique des individus déjà actifs, mais aussi pour inciter les inactifs à augmenter leur NAP, tout en luttant contre l’exacerbation des temps de sédentarité favorisée par la distanciation sociale et le développement du télétravail. Dans cette optique, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) encourage notamment les adultes à augmenter le temps passé à l’exécution des tâches ménagères, à intégrer des programmes d’activité physique en ligne, à faire de l’exercice tout en écoutant de la musique agréable, à monter les escaliers autant que possible et à faire des exercices de résistance(11)(12). Pour les enfants et les adolescents (5 à 17 ans), l’OMS a recommandé la participation à des activités physiques en ligne, des jeux actifs, des jeux d’intérieur stimulants, la réalisation d’activités mobilisant des groupes de muscles et le développement de nouvelles capacités et aptitudes motrices. Depuis le premier confinement, certains auteurs ont également proposé des recommandations adaptées et spécifiques en matière d’AP et de sédentarité (pour les personnes âgées[13-15], pour les enfants et les adolescents[14-16] et pour l’ensemble de la population17,18).

De plus, il semble primordial d’agir le plus tôt possible. En effet, il a été montré que les personnes qui ont maintenu ou augmenté leur NAP pendant les premiers jours du confinement étaient plus susceptibles de rester actives et moins sédentaires pendant toute la durée du confinement (ce qui était positivement associé à leur santé mentale et à leur bien-être général)(6).

Sur la base des éléments disponibles et des résultats de son enquête nationale COVID-1919, l’ONAPS et son comité scientifique proposent ici quelques nouvelles recommandations et conseils clés pour prévenir la baisse des comportements actifs et l’augmentation du temps de sédentarité qui ont été observés lors du premier confinement.

Il est important de noter que ces recommandations et conseils ne se substituent pas aux recommandations générales en matière d’activité physique, mais proposent une approche adaptée pour éviter les impacts négatifs déjà observés d’un confinement sur nos comportements actifs et sédentaires quotidiens durant cette période particulière.

 

RECOMMANDATIONS DE L’ONAPS ET DE SON COMITE SCIENTIFIQUE

ACTIVITÉ PHYSIQUE

  • Favoriser tout mouvement quotidien, quelle que soit son intensité et sa durée.
  • Adopter un mode de vie quotidien actif dès les premiers jours de ce nouveau confinement.
  • Adopter des activités de type marche ou course pendant l’heure d’activité physique extérieure autorisée par jour. Cependant, nous encourageons aussi, sur quelques jours de la semaine, le partage d’activités extérieures avec les autres membres qui composent le foyer familial.
  • Veiller à maintenir son niveau de pratique, en gardant à l’esprit que les activités quotidiennes habituelles liées aux transports actifs, aux activités professionnelles et aux activités sportives seront considérablement réduites et devraient être compensées en favorisant d’autres types d’activités comme les jeux actifs avec les enfants, la marche, le ménage, etc. A domicile, des étirements ou des exercices de renforcement musculaire peuvent être réalisés en utilisant le mobilier et le matériel à disposition (chaise, bouteilles d’eau remplies, marche d’escalier…)
  • Pour les personnes initialement inactives, ou celles ayant un faible niveau d’activité physique : intégrer progressivement et par étapes l’activité physique au quotidien, pour atteindre progressivement les recommandations. Il a été démontré qu’un engagement brutal dans un volume important d’activité physique est contre-productif et ne favorise pas l’adoption sur le long terme de comportements actifs.
  • Encourager la pratique des cours d’activité physique en ligne en gardant à l’esprit qu’ils ne sont pas forcément individualisés et adaptées et que chacun doit moduler sa pratique en fonction de ses propres sensations physiques et d’effort (cf. site ministère chargé des Sportsb). Une échelle de difficulté perçue de 0 à 10 peut être utilisée à la place des intensités appropriées ; une note entre 5 (effort qui commence à être difficile) et 7 (effort perçu comme difficile) étant appropriée pour assurer un engagement à long terme (par exemple, l’échelle de Borg).
  • Encourager l’activité physique chez les enfants et les adolescents. Le support social et familial doit favoriser la pratique de jeux actifs (environ une heure par jour) notamment chez les enfants de moins de 6 ans. Cependant, cette heure de jeux actifs, même combinée à une heure de marche ou de jeu en plein air, ne suffit pas à maintenir leur niveau d’activité physique quotidien, qui devrait atteindre 3h par jour pour les enfants de moins de 6 ans. Il convient donc d’encourager la marche pour se rendre à l’école ainsi que des périodes régulières de jeux actifs.
  • Encourager les personnes âgées à s’adonner à des activités simples telles que la marche. Le gouvernement donne la possibilité de rendre visite aux personnes qui ont besoin d’aide et de soutien et le maintien de l’activité physique de nos aînés est un défi qui doit être pris en compte pendant cette période, notamment à l’aide de sollicitations quotidiennes des familles et des pairs.
  • Adopter une pratique raisonnée. Il est important que la pratique de l’activité physique soit conditionnée à notre état de santé. La fièvre, la fatigue persistante et d’autres symptômes (liés ou non au COVID-19), ainsi que les douleurs musculaires ou articulaires devraient amener chacun à adapter son activité.

SÉDENTARITÉ

  • Adopter un mode de vie le moins sédentaire possible dès les premiers jours de ce nouveau confinement.
  • Rompre les temps de sédentarité chez les jeunes et les parents, en adoptant des pauses actives qui impliquent toute la famille (ou plusieurs membres), basées sur des petits jeux et des sollicitations actives.

TÉLÉTRAVAIL

  • Instaurer des pauses de 3 minutes en mouvement toutes les heures de télétravail. Des stratégies simples peuvent être adoptées, comme par exemple marcher systématiquement lorsque l’on est au téléphone.
  • S’échauffer et s’étirer cinq à dix minutes avant de s’installer à son bureau, en insistant sur le dos, les épaules et le bassin. Un échauffement des principaux groupes musculaires est également recommandé (cf. site internet de l’OMSc).
  • Adapter son poste de travail est aussi possible selon le matériel de chacun : utilisation de swiss-ball, de pédalier ou encore de bureau debout. Ces utilisations doivent être limitées en termes de durée dans la journée et il est recommandé de les fragmenter par petites périodes. L’indicateur principal à prendre en compte étant d’éviter l’inconfort global. Il est important de considérer que ces adaptations ne doivent pas remplacer les pauses actives et que ces recommandations ne se substituent pas non plus aux conseils des services de médecine du travail.